Une véritable institution en Uruguay : le « mate »

Par Elle's Kitchenette | 17 juillet 2010

Chose promise, chose dûe, voici un petit article sur l’une des majeures traditions uruguayennes.

Le maté  ou « mate » en espagnol.

Le maté fait partie intégrante de la culture en Uruguay, mais également en Argentine, au Paraguay, au Chili et dans le sud du Brésil. C’est une véritable institution, un rituel et j’irais même jusqu’à dire un art pour certains.

Il est très courant de voir des gens dans la rue, dans le bus, en voiture, dans les parcs publics, en cours aussi avec un termos sous le bras et leur maté dans la main !

Colonia del Sacramento

Bon et maintenant, vous voulez peut-être savoir en quoi consiste l’art du maté ?
Avant de déguster un maté, il faut procéder à plusieurs étapes. Tout d’abord et cela va de soi, acheter tout le matériel. Ensuite, il faut « curar » (soigner) le maté, étape qui prend un jour ou deux. Enfin vient le moment de « cebar » le maté, c’est toute la préparation autour du service du maté. Enfin alors vient le moment de la dégustation et du partage. Et oui, car le maté est surtout un rituel de partage.

Le nécessaire à maté

Tout d’abord, voici une présentation succincte du « nécessaire à maté » : le maté proprement dit, la yerba, la bombilla et le thermo.

Nécessaire

Le mot maté vient du Quechua mati, qui désigne une sorte de calebasse, récipient traditionnellement utilisé pour boire le maté et encore utilisé de nos jours. On peut trouver des matés creusés dans une calebasse, en bois, en porcelaine, en aluminium, plastique etc. Le maté est donc le récipient.

Ensuite, ingrédient essentiel du maté, la Yerba (prononcez « jerba »). C’est la plante dont on torréfie et pulvérise les feuilles, et que l’on fait donc infuser. Elle a des vertus physiologiques. Selon certaines études, la yerba a les effets suivants, changement de comportement :

- Augmente l’énergie et la vitalité

- Améliore la capacité de concentration

- Diminue la nervosité et augmente la résistance à la fatigue physique et mentale

- Améliore l’humeur (anti-dépresseur en quelque sorte ??)

- Et d’autres effets…

J’ai aussi lu que la consommation excessive de maté avait des effets négatifs pour la santé comme le développement de cancers (bouche, larynx, œsophage), ainsi que des effets laxatifs…

Passons ensuite à la bombilla. C’est une tige d’une vingtaine de centimètres de long, dotée d’un filtre à son extrémité pour laisser passer l’eau et filtrer la yerba. Elle peut être en métal ou en bois.

Comment « curar » son maté ?

Alors, j’ai eu l’occasion de lire et d’entendre plusieurs façons différentes de curer le maté. Je vous fais surtout part de celle que m’a donnée la vendeuse et que j’ai retrouvée sur internet. C’est valable pour le maté creusé dans une calebasse.

Il faut remplir le maté au tiers avec la yerba, et le remplir ensuite d’eau bouillante. Laissez ainsi pendant une demi-heure. En effet, la yerba va absorber l’eau et il faudra à nouveau le remplir en plein d’eau bouillante. Laissez un jour ou deux. Certains disent qu’un jour suffit et on peut le vider. D’autres disent qu’il faut le vider au bout d’un jour et renouveler l’opération, le laisser encore un jour.

Suivant le choix de chacun, une fois que vous avez vidé le maté, il faut racler les bords avec une petite cuillère afin d’enlever les morceaux de la calebasse qui se décollent. Ensuite, dernière étape, laver une dernière fois le maté avec de l’eau bouillante. Le maté est « curé » une fois pour toutes, vous n’avez pas besoin de refaire ce processus dès que l’envie vous prend de boire un maté (sinon je pense que le rituel serait beaucoup moins suivi, bizarrement!).

Passons donc ensuite à la préparation !

Comment se boit le maté ?

En Uruguay, il se boit surtout amargo, verde o cimarrón (c’est-à-dire nature, sans sucre) ; en Argentine, il se boit également dulce (avec du sucre) ou encore cocido ou yerbeao (plus ou moins préparé comme un thé), tandis que les paraguayens le boivent parfois tereré (sans sucre et avec de l’eau froide).

Comment se prépare le maté ?

L’art de préparer le maté s’appelle « cebar el mate, o el cebado » en espagnol. Cebar exprime l’idée de maintenir, alimenter et faire vivre quelque chose.

On commencera donc par remplir le maté au ¾ de yerba. Ensuite, bouchez le haut du maté avec une main, retournez-le et remuez-le quelques instants. Ainsi les particules les plus fines de la yerba restent en-haut, ce qui permet qu’elles ne passent pas par la bombilla et qu’elles ne la bouchent pas.

Retournez doucement le maté pour le remettre en position normale en faisant attention de garder la yerba inclinée sur les bords du maté, d’un seul côté.

Ensuite, faîtes chauffer l’eau et sortez-la du feu juste avant qu’elle ne bout. Il est important que l’eau ne bout pas (on dit de l’eau bouillante qu’elle est « quemada », c’est-à-dire brûlée), sinon elle brûle la yerba, lui enlevant toutes ses vertus.

Remplissez le maté d’eau chaude par le côté vide, en quantité suffisante pour humidifier la totalité de la yerba. Laissez reposer ainsi quelques minutes.

Ensuite, il va falloir introduire la bombilla. Veillez-bien à boucher le haut de la bombilla avant. Ensuite, introduisez-la par le côté où il n’y a pas la yerba. Une fois que la bombilla est bien placée, on peut déboucher le haut. Ainsi, on évite que le filtre ne se bouche.

Une fois que l’eau a atteint sa température adéquate, on peut commencer à la verser doucement par la partie vide, remplissant le maté jusqu’au bord. Et enfin, on va pouvoir procéder à la dégustation !

Certains le boivent sucré, dans ce cas vous pouvez rajouter du sucre. Mais en général, les gens le boivent « amargo », sans sucre.

Le rituel du maté

Si on le boit seul, il suffit juste de remplir d’eau à chaque fois qu’on a fini de boire.

Si on le boit à plusieurs, comme cela se fait souvent, la même personne (el cebador) est chargée de le remplir à chaque fois. Elle le prépare et le maintient. Une fois préparé, elle le fait passer à quelqu’un. Lorsque cette personne a bu le maté, elle le retourne à la personne chargée de l’entretenir. Le « cebador » le remplit de nouveau et le fait passer à quelqu’un d’autre, et ainsi de suite.

On prend le temps de savourer le maté.

Mes impressions (si si c’est important quand même, non ??)

Alors mes impressions sur le maté. Avant d’arriver en Uruguay, sachant que le maté est amer et que j’ai du mal avec l’amertume, je me suis dit que ça ne me plairait pas trop. Au Mexique, j’en avais aussi entendu parler par Lalo, un ami mexicain qui était déjà venu en Uruguay. Apparemment lui n’avait pas trop aimé. Inès (une collègue argentine avec qui j’avais fait mon stage) aussi m’en avait également parlé. Elle le prend sucré elle. Bref, je ne pouvais pas ne pas goûter, n’est-ce pas ?

Ma première impression n’était pas terrible. D’une part, l’eau était quasiment froide, donc pas top et d’autre part, effectivement j’ai trouvé ça amer.

Deuxième essai de ma part, ça allait déjà mieux, j’ai pas trouvé ça si horrible, l’eau était à bonne température et puis, j’aime bien tout ce rituel, ce sens du partage etc… Je pensais donc que je pouvais m’y faire.

Et enfin troisième essai, l’eau était bouillante, je n’ai plus senti ma langue pendant 2 jours après… Pourtant c’est un uruguayen qui l’a préparé (certes après une soirée bien arrosée… ceci explique cela certainement…).

Mais je n’ai pas laissé tomber. C’est comme le café, quand on est petit on trouve ça horrible, puis à force d’y goûter, on finit par aimer. Par contre, ça dépend vraiment de la yerba, certaines sont plus amères que d’autres et j’ai un peu plus de mal.

Il faut savoir qu’en Uruguay ou en Argentine, il y a un choix phénoménale de yerba. C’est simple, rappelez-vous le rayon thé ou café d’un supermarché en France : là-bas il y a un rayon spécial yerba avec toutes sortes de goût : plus ou moins amer, spécial pour personnes nerveuses, il y a aussi la yerba amincissante !

D’autres traditions

Sinon, pour l’Uruguay, je n’ai pas encore entendu parler de plus de règles que ça, mais un brésilien de la région du Rio Grande del Sur m’a dit que chez lui, il y avait d’autres traditions. Par exemple, on doit recevoir et passer le maté avec la main droite (main du cœur m’a-t-il dit, mais le cœur est à gauche non ??), on ne doit pas bouger la bombilla quand on boit…

Si vous avez entendu parler d’autres traditions, n’hésitez pas à m’en faire part !

Voici, je vais m’arrêtez là, en espérant que ce petit aperçu vous aura intéressé et appris plus sur la culture du Cône Sud, pour généraliser un peu !

(Sources : wikipédia, http://www.soygaucho.com/espanol/mate/, la vendeuse dans la rue et mon expérience ;))

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6 Réponses à “Une véritable institution en Uruguay : le « mate »”

  1. @nnoushka Says:
    18th juillet 2010 à 16 h 57 min

    vais rester à la dulce de leche lol

  2. Tweet Says:
    19th juillet 2010 à 18 h 24 min

    Je découvre ton joli blog et je suis conquise. A moi le flux RSS ! ;-)

  3. Elle's Kitchenette Says:
    19th juillet 2010 à 19 h 56 min

    @nnoushka : en effet, pour les becs sucrés c’est peut-être un peu amer le maté, mais c’est toute une tradition et un rituel que j’apprécie énormément ;)
    @ Tweet : merci pour ton gentil commentaire, j’ai découvert ton blog avec une collègue de boulot, on a déjà repéré pas mal de recettes qui ont l’air excellentes donc je pense que ça ne sera pas la seule que je vais tester! Bises

  4. Catherine Says:
    25th juillet 2010 à 19 h 11 min

    Bonjour Julie,
    Super ton article sur le maté et ce n’est pas mon mari uruguayen qui dira le contraire !
    Le « mate cocido » se prépare comme du thé (infusé dans de l’eau de chaude, il existe même des sachets) Il est habituellement consommé par les dames âgées ou par les enfants (pas trop jeunes quand même !) On peut le sucrer et même y ajouter du lait …
    Il existe aussi des matés associés à des plantes aux différentes vertus curatives, le plus souvent digestives.
    Les moutures sont différentes selon les pays, plus ou moins épaisses, « sin palo » et « con palo ».
    Le groupe de personnes partageant un même maté s’appelle la « rueda ».
    Bon maté !

  5. Elle's Kitchenette Says:
    25th juillet 2010 à 22 h 38 min

    Catherine,

    Alors quel est ton avis perso sur le maté? Tu aimes?
    Je ne savais pas que l’on appelait « la rueda » ceux qui partagent le maté!
    Merci pour toutes ces précisions!

    Besotes!

  6. Catherine Says:
    26th juillet 2010 à 18 h 55 min

    Personnellement, je n’aime pas trop le maté, souvent brûlant, et la bombilla qui passe de bouche en bouche, je trouve ça moyen …
    Par contre, j’aime bien boire un maté cocido, beaucoup moins concentré, quand j’ai besoin d’un petit coup de fouet.
    Besotes :-)

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